Du point de vue étymologique, le mot vient de l’italien arcipelago, issu du grec ancien Αἰγαίων πέλαγος, Aigaíôn pélagos signifiant « mer Égée ». Cette mer, capitale pour l’organisation du monde de la Grèce antique, était si remarquablement parsemée d’îles que son nom est devenu le nom commun “archipel”, porteur du sens géographique qu’on lui connaît aujourd’hui. Sans Egée, si Pelagos représente l’Océan, retenons l’invitation à voir l’Archipel d’abord comme une grande étendue de Mer, un même Océan dans lequel baignent toutes les îles.
L’archipel, comme mer parsemée d’îles, est en haute mer, qui, à première vue, semble isoler chacune de ses composantes.
Mais à travers cette image, nous pouvons lire, plus qu’un clin d’oeil, un appel à la prise de conscience de l’importance de l’eau dans notre vie. Nos organismes sont constitués d’eau à plus de 80%, tandis que 70% de la surface de la terre est occupée par les mers et océans. Plus qu’essentiel, ce bien communUn bien commun est une ressource dont l’accès peut être équitablement partagé entre les membres d’une communauté qui ont tous un intérêt commun à son existence et à son usage.Glossairebien commun est donc vital.
Le mot “continent” impose une connotation de « masse » et un besoin de centre, et lorsqu’on le cartographie, il donne aux territoires périphériques un statut secondaire. Il fait référence à des croyances, des usages, soulève divers sentiments d’appartenance. Il différencie un intérieur d’un extérieur à lui-même.
Il y a les continents et il y a les îles, qui, lorsqu’elles sont multiples et s’étendent sur de vastes espaces, deviennent des archipels, et non des continents. La représentation continentale du monde marginalise les non-continentaux.
Dans cette unification, on oublie la mer, les océans, comme si l’eau n’avait pas de mémoire, ni de culture. Pourtant admettre l’importance géographique et culturelle des mers mène à penser nos frontières autrement :
L’océan est un lieu, un passage, une transition, qui suggère une vision : il mène à la rencontre et prépare à l’inattendu.
Le mode continental aspire à fixer nos identités racine, le mode archipélique à développer nos identités relation.
La vision archipélique aborde la diversité de nos monde, et les invite à la rencontre, à la « créolisationLa “créolisation” exprime le fait que l'identité de chaque individu ou organisation n’est pas inexorablement propre et inébranlable : chacune de nos rencontres nous détermine sans que nous puissions en imaginer à l’avance les conséquences.Glossaire».