Des récits, un moyen puissant pour la transition

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Intérêt, curiosité et questionnements soufflent sur cette pirogue. C'est ce qu'on a pu observer ces derniers mois, et ce sont des constats partagés lors nos discussions.

Ce préambule nous aidera à fixer les prochaines étapes de notre mise à l'eau. Pour entrer un peu plus dans le bain, on vole quelques termes propres à la structure d'un récit.

Le cadre de la pirogue récit

La transition multiple pour laquelle nous oeuvrons au sein de cet Archipel est encore loin d'avoir atteint les consciences et les imaginaires d'une masse critique de citoyens, et les récits constituent notre outil le plus puissant pour toucher les gens au-delà des cercles dans lesquels nous évoluons, pour les aider à se projeter dans l'avenir.

L'avenir va se jouer sur le terrain des idées, et dans le champ culturel.

Voici pourquoi il a été collectivement décidé, lors des dernières rencontres et réunions de travail de l'Archipel, de développer des récits afin de faire connaître largement notre collectif, nos visions et nos idées.

Ces récits s'adresseront à des publics au delà de nos cercles, ils seront d'autant plus inspirants qu'ils seront écrits à plusieurs mains, se situeront à la hauteur des personnes, dans toute leur diversité.

Renvoyer à un changement de posture, un changement comportemental qui touche à l'articulation entre transformation personnelle et transformation sociale, qui intègre des horizons temporels propres à nos temps de vie. La conviction rationnelle est insuffisante.

Pour poursuivre quant aux motivations des uns et des autres, glanées au fil des ateliers à Villarceaux, des correspondances des voiliers, il y a aussi :

1- Ceux qu'inspire le récit d'une mobilisation, celle des Jours heureux du Conseil National de la Résistance, incarné par Claude Alphandéry, ou du mouvement citoyen co-fondé par Martin 70 ans plus tard. Se mobiliser face à l'urgence. Créer une tension, une dynamique et l'alimenter.

2- Ceux qui recherchent le récit d'une vision. Celle de l'après-guerre qui s'est bâtie sur une nouvelle idée de progrès : la Sécurité Sociale, les retraites, la nationalisation des sources d'énergie et des grandes banques, la liberté de la presse. Autant d'imaginaires devenus réalités mais en déconstruction aujourd'hui. Le récit historique ne résiste plus. Notre enjeu pour le XXIe siècle : projeter un futur qui n'appartient pas au passé.

3- Ceux qui voient le récit comme un lien entre les acteurs de la transition écologique, sociale et démocratique. Le narratif des tisserands, de la diversité et du foisonnement des initiatives qui nous permet de dépasser un système destructeur et de reconstruire à partir d'écosystème pollinisateurs, d'expériences qui donnent envie de se retrouver, qui construisent un langage commun, qui réchauffent les coeurs, qui conjuguent le buen vivir plus que l'avidité.

Ces motivations ne s'opposent pas, se complètent parfois, au contraire.

Les initiatives de transition ont remarquablement bien compris que la bataille (et l'effort à faire) se situe sur le terrain de l'imaginaire et de l'art de raconter des histoires. Les récits font naître des identités collectives, formant ainsi des communautés de destins. Et si, tout en regardant les défis les yeux dans les yeux, nous arrivions à nous raconter des histoires inspirantes ? Et si nous racontions ces histoires au delà de nos mouvements, de l'entre-soi des acteurs déjà engagés ? Et si nous considérions l'ensemble des récits, jusqu'à ceux des acteurs les plus éloignés de nos idées, nos ennemis ?

Quels publics voulons nous mobiliser par ces récits ? On peut les décrire selon une règle des 20/60/20:

- 20 % de sensibilisés ou convaincus, à qui nous nous adressons le plus souvent, car les plus proches de nous. De fait nous consacrons souvent le plus d'énergie à agir auprès de ceux qui sont déjà dans nos réseaux.
- 60 % d'indécis, ni pour- ni contre que nous connaissons mal, écoutons peu, dont nous ne partageons pas le langage, ni ne cherchons à comprendre les différentes motivations, et donc leviers de changement. C'est l'un des enjeux des subjectivités individuelles
- 20 % d'opposés, que nous nions, alors que transformer ces ennemis en adversaires est un moyen d'interroger aussi nos postures et de travailler sur les transformations internes personnelles.

La discussion n'est pas sur les proportions, Chico Whitaker parlait même de façon plus radicale de 1% - 98% - 1 %, mais sur les dynamiques.

On peut enfin se poser dès maintenant les deux questions suivantes :

- Comment chacune des îles s'adressent aux différents publics ?
-
Comment des îles aux périphéries de nos mouvements s'adressent à des publics parmi les 20% les plus éloignés ?


Plusieurs récits ont été déjà partagés sur la page Quelques exemples de récits disponibles :
- Ceux qui nous inspirent, nous révulsent, pour toutes les catégories de publics ;
- Ceux qui racontent les subjectivités individuelles, les émotions qui relient.

Chacun peut intervenir par le récit de vie, telle est la méthode qu'un ouvrage sous la direction de Vincent de Gaujelac met en avant :

L'intervention par le récit de vie est une méthodologie qui émerge à la fin du XXe siècle face à la crise des « grands récits ». Au moment où les grands systèmes comme la religion, la science ou la politique sont contestés, les praticiens et les chercheurs proposent de renvoyer la question du sens de l'existence et celle du sens de l'histoire au sujet lui-même. Des récits d'expérience illustrent des idées, des batailles, des engagements et nous relient ?