version 1.3 du 21 octobre 2020
Durant quatre années, entre 2017 et 2020, plusieurs structures de la société civile,
appartenant alors pour certaines à « Pouvoir citoyen » ont expérimenté, en particulier lors de deux fortes rencontres en 2018, un fonctionnement relationnel nouveau. En est issu
l ‘Archipel citoyen « Osons les jours heureux ».
A partir de cette expérimentation, nous avons souhaité partager ce qui nous semble
caractériser les fondamentaux d’une pratique d’action et de gouvernance « en Archipel » car
« Le monde d’après » ne se construira pas sans une profonde remise en cause de nos
pratiques de fonctionnement collectif et de gouvernance.
Cette réflexion est une contribution dans l’esprit du logiciel libre, dynamique et évolutive.
Prenez, servez-vous … et métabolisez !
Préambule aux fondamentaux
Pendant cette période, nous avons fait plus qu’expérimenter la forme d’organisation nouvelle que nous avons appelée “archipel”, détaillée plus bas. Nous en avons ressenti les conditions de pertinence et de continuité. Et nous avons travaillé et testé ces dernières.
En effet, derrière cet « outil pour l’action en commun » au bel imaginaire ultra-marin, sont trois conditions de possibilité sous-jacentes mais essentielles :
- L’attention au monde à inventer et le souhait de transformation sociale, si présents dans notre expérience, exigent de faire évoluer les modes actuels de fonctionnement des collectifs comme des individus qui les constituent. Pour cela, il est nécessaire de s’interroger à intervalle régulier sur les relations de pouvoir à l’intérieur de nos collectifs, leur degré d’ouverture, leur manière de gérer les conflits internes. Pour chacun des membres d’un collectif, il s’agit de prendre la mesure de son fonctionnement intime, de sa capacité d’écoute et d’attention à la différence. Ces questions, souvent mises de côté sous l’accusation assez stupide de “bisounours” adressée à celles et ceux qui les travaillent, sont déterminantes pour affronter le chemin vers une société respirable, dans tous les sens du terme. Elles ont coloré fortement l’esprit de notre démarche. Afin d’en prendre un soin tout particulier, notre archipel lui a dédié un groupe-projet, une « pirogue » spécialement orientée sur leurs renforcements.
- Ensuite, nous avons aussi été très attentifs à prendre du temps pour que les membres de l’Archipel, ses îles, se rencontrent. Pour qu’elles écoutent les histoires et les raisons d’être les unes des autres, toutes respectables, et précieuses dès lors qu’on s’est reconnus capables de certains accomplissements en commun. Ce temps permet de se nourrir de nos différences, tout autant que de nos volontés d’agir ensemble, car l’archipel est, non seulement la mise en pratique d’un modèle d’organisation, mais aussi une construction vivante, un « bien-vivre en acte »..
- Enfin, il nous faut regarder « les yeux dans les yeux » la question du pouvoir.
Se rappeler sans cesse la nécessité de passer du “pouvoir sur” au “pouvoir de”, et goûter la puissance commune que nous donne la coopération, pratiquée avec les attitudes rappelées précédemment.
Pour reprendre une formule couramment entendue, nous nous sommes engagés dans le « monde d’après » sans attendre que « le monde d’avant » ait bougé, mais en pratiquant avec constance ces trois éléments déterminants du passage d’un monde à l’autre .