Face aux défis colossaux auxquels nous sommes confrontés, l’enjeu sera de construire une humanité plus humaine et non pas post humaine comme le propose le transhumanisme.
- Ce n’est pas une humanité « bête et méchante » qui peut faire face à de tels défis.
- Ce n’est pas non plus une humanité « bête et gentille » celle, au fond, que nous présentaient nombre de religions proposant aux peuples de se contenter de suivre leurs clercs qui seuls détenaient la vérité.
- Enfin c’est aussi l’échec historique et anthropologique du capitalisme habité par l’idée que « les vices privés » iraient dans le sens des « vertus publiques » selon la célèbre expression de Bernard de Mandeville ou l’idée de la main invisible du marché chère à Adam Smith. Échec assez semblable par certains côtés à celui de la version machiavélienne du matérialisme historique qui attendait l’accouchement bénéfique d’une société sans classes au terme d’une dictature conduite par une avant-garde éclairée.
- Autant dire que c’est aussi l’impasse d’une humanité « intelligente et méchante » c’est à dire dont l’intelligence, révélée à cette occasion, s’avère destructrice pour elle-même et pour l’ensemble du vivant. Une intelligence entièrement dédiée à la recherche de croissance infinie, une logique qui nous maintient dans une course concurrentielle insatiable, une démesure que cette humanité-là considère comme quasi fondatrice.
La seule voie possible c’est donc bien une humanité à la fois plus intelligente (au sens contributif du terme) et plus solidaire. En un mot une humanité plus « conviviale » qui sait la difficulté de travailler à la transformation des deux PFH (du » putain de facteur humain » en un » précieux facteur humain » comme nous le disons dans les » Dialogues en humanité »).
Or ceci n’est possible qu’avec des peuples qui acceptent le terrain difficile de leur propre transformation.
C’est donc d’un surcroît de Démocratie dont nous avons besoin et non d’une forme de régime autoritaire fondé sur l’infantilisation des populations.
Dans une telle perspective, apprendre du lien paradoxal construit dans la Résistance au nazisme entre Vivre une période tragique et se fixer comme objectif de Vivre des Jours heureux est donc essentiel. Plus la situation est grave, plus l’humanité est menacée de régression vers sa part barbare, et plus nous devons nous ressourcer à sa part lumineuse pour résister à sa part sombre.
Cela passe par un projet « anthropolitique » comme aime à le dire Edgar Morin, où se combinent les objectifs de transformation personnelle, collective et sociétale que notre Archipel propose.
Un tel Projet peut ouvrir une perspective dynamique tant à l’Europe qu’à la France. Il s’agit en effet de se placer dans la perspective d’une République terrienne sur le modèle, que nous proposons, d’archipel citoyen planétaire.
À cet égard le Projet de République européenne que nous évoquions au moment des élections européennes prend un sens anticipateur : Ce n’est pas en effet une Europe refermée sur elle-même et condamnée au déclin face à la Chine et aux États Unis qui peut être à la hauteur des défis qui sont devant nous. Seule une Europe à la fois respectueuse des identités racines des peuples et nations qui la composent mais aussi inscrite dans la mondialité au sens d’Edouard Glissant le peut.
Et c’est vrai aussi pour notre pays.
Le Projet d’une France pays-monde, montrant qu’une pluralité de cultures, de religions, de peuples, peut Vivre ensemble dans la paix en cultivant des valeurs communes et un droit républicain peut faire de notre pays un laboratoire expérimental de ce Projet de République terrienne.
Le fait que nous soyons largement ouverts sur la mer avec nos Territoires d’outre-mer, ouverts sur le monde compte tenu de notre histoire, peut d’autant plus devenir un atout.
Ce n’est évidemment pas la nostalgie d’une France napoléonienne ou pire la régression d’une France vichyssoise chère à une partie de la droite et de l’extrême droite qui peut répondre au défi de la mondialité.
C’est au contraire une République forte de ses valeurs et décidant de faire de la déclaration universelle des droits humains complétée par la Charte de la Terre des Nations unies un socle de droit opposable et non un simple idéal qui le peut.
Et c’est autour de ces enjeux que devrait se construire le grand débat des élections présidentielles et législatives de 2022, et, au-delà, la capacité à réussir la décennie critique dans laquelle, selon les Nations unies, nous sommes entrés.