Avant tout, « société civile » est une expression juridique désignant en droit français une forme de société ou d’organisation dont l’objet, strictement civil, relève du droit civil et des juridictions civiles,
contrairement aux sociétés commerciales et aux établissements publics et administratif.
Mais, comme beaucoup de mots du vocabulaire politique, elle peut à la fois avoir un sens rigoureux ou recouvrir des connotations très diverses et vagues.
Puis elle prendra le sens d’une instance politique générale, avant de se retourver différenciée de ou opposée à la société politique. Mais son usage très large nous perd souvent :
- Chez Rousseau « société civile » désigne la communauté politique, essentiellement par opposition à « l’état de nature ».
- Sous l’influence des libéraux anglais, on tend à y voir un ordre juridique informel garant des droits individuels et de la propriété privée, par opposition à l’État considéré comme oppresseur.
« un ensemble complexe et dynamique d’institutions non gouvernementales, protégées par la loi qui tendent à être non-violentes, auto-organisées, auto-contrôlées et qui sont en tension permanente chacune
avec les autres et avec les institutions gouvernementales qui encadrent, restreignent et rendent capables leurs activités » (John Keane).
Une pétition, une grève, une manifestation peuvent être présentées comme des signes de l’existence de la société civile.
Aussi l’on peut estimer que le « totalitarisme » en supprimant les libertés fondamentales est une forme d’écrasement de la « société civile » par le pouvoir politique.
Mise en avant par les grandes organisations internationales, comme l’ONU, la « société civile » désigne l’ensemble des associations à caractère non gouvernemental et à but non lucratif qui agissent comme groupes
de pression pour influencer les politiques gouvernementales dans un sens favorables aux intérêts de ceux qu’elles représentent.
Il s’agit donc de l’auto-organisation de la société, en dehors du ou parallèlement au cadre institutionnel politique, administratif ou commercial.
La société civile sous cet angle est moins une donnée qu’un domaine de la société à renforcer ou à construire.
Dès le début des années 1990, le politiste Dominique Colas assimilait l’expression « société civile » à « l’étiquette de toutes sortes de marchandises » qui « forme un lieu commun où les commodités
d’un mot de passe permettent de se parler sans savoir ce que l’on dit, ce qui évite de trop se disputer. »
Un « mot-valise », quoi…